Depuis la mi-février, des situations cliniques complexes sont analysées à distance par le médecin psychiatre de l’EPSM de la Marne pour des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ou autre pathologie apparentée, hébergés à la Maison d’accueil du Château d’Aÿ. Une première dans le département.
À la Maison d’accueil du Château d’Aÿ un équipement de vidéoconférence vient d’être installé. Rassemblé autour de la table, le personnel soignant évoque le cas d’un patient âgé atteint d’une maladie neurodégénérative qui pose problème. Derrière un écran, Dr Le Pouder affine son diagnostic.
Depuis la mi-février, la télé-expertise est expérimentée à la Maison d’accueil du Château d’Aÿ, et plus particulièrement au sein de son UHR (unité d’hébergement renforcée). « L’idée est de prendre le temps d’étudier les cas complexes en les traitant à distance à l’aide des outils de télémédecine », explique Sandra Vanasse, directrice de la Maison d’accueil du Château d’Aÿ gérée par l’association Vivre et devenir Villepinte – Saint-Michel.
Une convention de partenariat d’intervention d’équipe mobile de soins psychiatriques a été signée le 10 octobre 2016 entre cette structure et l’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Marne, avec une vacation médicale par mois et une vacation infirmière par semaine. « Elle ne nous permet pas de prendre le temps de se pencher sur des situations cliniques complexes ou sur des demandes de réadaptation de traitement, de psychotropes par exemple », constate Sandra Vanasse. Or, les 12 personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée avec des troubles du comportement importants, hébergées au sein de cet UHR, « demandent parfois plus qu’un suivi régulier ».
« Des consultations en plus »
C’est la raison pour laquelle la Maison d’accueil du Château d’Aÿ et l’EPSM de la Marne ont décidé d’instaurer un temps mensuel de télé-expertise d’une durée d’1 h 30. Un temps spécifique consacré à l’analyse d’une ou de plusieurs situations cliniques en équipe pluridisciplinaire : médecin psychiatre, infirmière de gérontopsychiatrie, équipe soignante de l’Ehpad, psychologue, infirmier coordonnateur, ergothérapeute, psychomotricienne, médecin traitant et médecin coordonnateur. Un dossier a été déposé auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est le 31 décembre dernier, dans le cadre de l’appel à projets « Innovations en santé ».
Quels types de patients pourraient profiter de ce dispositif ? « Les résidents atteints de troubles neurocognitifs majeurs présentant des symptômes psychocomportementaux au retentissement significatif et ne répondant pas aux mesures non médicamenteuses tentées jusqu’alors, indique le médecin psychiatre, Sonia Le Pouder, responsable de l’unité d’Epernay du Pôle de Psychiatrie de la Personne âgée de l’EPSM. La télé-expertise pourrait être aussi étendue aux demandes de réadaptations de traitement psychotrope émanant du médecin traitant et/ou coordonnateur, dans le souci d’œuvrer vers une utilisation des psychotropes toujours plus pertinente et justifiée. »
Comme le rappelle Sandra Vanasse, la mise en place de la télé-expertise à la Maison d’accueil du Château d’Aÿ vient « en complément » des vacations déjà existantes au sein de l’établissement. « Cela nous permet d’avoir des consultations en plus et de gagner du temps dans la prise en charge de certains patients », déclare la directrice.
Expérimentée pour l’instant, la télé-expertise pourrait, si le bilan s’avère concluant, être étendue à d’autres Ehpad de la Marne.
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