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Psychiatrie et pratique pénitentiaire, une offre de formation repensée

Une dizaine de personnes travaillant dans l’administration pénitentiaire a participé à la formation 3P (Psychiatrie et Pratique Pénitentiaire) qui s’est déroulée au sein de l’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Marne. Une formation remaniée, axée davantage sur des cas pratiques.

« Il ne s’agit pas de faire des psychiatres en herbe », annonce d’emblée le Dr Olivier Debontride, médecin psychiatre et chef du pôle de psychiatrie médico-légale au sein de l’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Marne. Il anime la formation 3P (Psychiatrie et Pratique Pénitentiaire) avec le Dr Luviu Georgescu, le Dr Raymond Videlaine, la psychologue responsable du CRIAVS Champagne-Ardenne, Sylvie Vigourt-Oudart, et la juriste Audrey Marlois.

La session qui s’est déroulé les 23 et 24 mai dernier a réuni une dizaine de surveillants pénitentiaires de la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne et agents du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP). « L’idée est de leur donner quelques clefs de compréhension pour que les pathologies psychiatriques puissent être repérées en détention et trouver des axes de prise en charge », explique-t-il. Toutes les études soulignent en effet la surreprésentation de l’ensemble des pathologies psychiatriques en milieu carcéral.

Mise en place en 2012 dans le cadre du Schéma régional d’organisation des soins Champagne-Ardenne 2012-2016, cette formation 3P à vocation régionale a évolué au fil des ans. Depuis cette année, elle est scindée en deux modules d’une journée et de deux jours. Le programme scientifique, lui, a été complètement revu. « Nous avons choisi d’axer davantage cette formation sur le côté pratique », indique le Dr Olivier Debontride.

« C’est notre fierté ! »

L’offre de soins en santé mentale à travers le parcours d’un patient détenu est tout d’abord présentée dans le module 1. « SMPR, UHSA, UMD… on leur explique ce que l’on peut proposer à ces détenus qui souffrent de problèmes psychiques », précise ce chef de pôle. Les grandes pathologies sont ensuite énumérées dans le module 2 : les troubles de la personnalité marquée (psychopathes, états limites) ainsi que les pathologies psychiatriques déclarées. « La question sous-jacente est l’accompagnement de cette population qui est fragile pendant la période de détention », fait-il remarquer. Enfin, lors de la dernière journée de formation, sont abordées les violences. « À chaque fois, on essaie de partir de situations concrètes et on construit des échanges sur le ressenti des professionnels, comment ils peuvent faire différemment, déclare le médecin psychiatre. Aborder un détenu avec un filtre un peu psy, parfois, ça permet de calmer les choses. »

Cette formation 3P permet de sensibiliser le personnel pénitentiaire à la souffrance de certains détenus. « C’est notre fierté », lance avec le sourire le Dr Olivier Debontride.

Prochaines séances les 3 et 10 octobre pour le module 1 ; les 21 et 22 novembre pour le module 2. « L’idée est de proposer des thématiques différentes d’une année sur l’autre, suggère ce chef de pôle. On est très loin d’avoir tout exploré. » Et pourquoi pas élargir le public aux avocats, aux forces de l’ordre…