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La réalité virtuelle mise en place à Châlons-en-Champagne pour soigner les phobies

Peur du vide, des insectes, des espaces clos, de la conduite automobile… au Centre Ophélie, la psychologue Adeline Bourrin-Tisseron utilise le casque de réalité virtuelle pour soigner les phobies de ses patients souffrant de troubles psychiatriques et/ou d’addictions. Cette technique s’inscrit dans le cadre d’une psychothérapie cognitivo-comportementale.

Difficile de rouler régulièrement en voiture avec son patient pour le confronter à sa phobie de la conduite automobile ou de libérer des araignées dans une pièce pour l’aider à surmonter son arachnophobie. Les thérapeutes bénéficient désormais d’un outil supplémentaire pour pouvoir confronter les personnes à leur(s) phobie(s) : le casque de réalité virtuelle. « Ce n’est pas un jeu », annonce d’emblée Adeline Bourrin-Tisseron, psychologue au Centre Ophélie de Châlons-en-Champagne.

Le casque étant relié à un ordinateur, la thérapeute choisit l’environnement qui correspond à la phobie de son patient. Aussitôt, celui-ci se retrouve immergé dans un univers en 3 dimensions. Insectes, animaux, espaces peuplés ou clos, toilettes publiques, hôpitaux, IRM… « Toutes les phobies peuvent être traitées », assure Adeline Bourrin-Tisseron qui énumère également la peur du vide, de vomir, de l’avion.

Si le patient se déplace dans cette réalité virtuelle à l’aide de manettes, les sensations, elles, sont en revanche bien réelles. Tout comme l’angoisse. C’est la raison pour laquelle la psychologue met auparavant la personne phobique en condition grâce à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). « Si un patient a peur des espaces clos par exemple, j’essaie tout d’abord de savoir quelle émotion il a ressentie et quelles pensées vont avec, explique-t-elle. On travaille ensuite sur les éléments déclencheurs. »

Une séance de 30 minutes

Avec son ordinateur, Adeline Bourrin-Tisseron peut doser la progression de son patient dans la réalité virtuelle puisque chaque univers fonctionne par paliers de difficulté. « Au départ, on fait des exercices simples qui ne provoquent pas d’anxiété et on les répète. Puis, on expose très, très progressivement la personne à sa phobie, développe-t-elle. Il faut que le patient ait confiance. » Tout au long de la séance, elle accompagne le malade pas à pas. « Il faut toujours se mettre à sa place, lui demander comment il se sent et lui dire ce que l’on fait », indique-t-elle. À tout moment, elle peut interrompre la mise en situation. La séance, qui dure en moyenne trente minutes, peut s’achever avec de la relaxation lorsque la personne est particulièrement tendue.

Lancée en février 2019, la réalité virtuelle est utilisée actuellement sur 4 personnes souffrant de troubles psychiatriques et/ou d’addictions. Outre les phobies, la réalité virtuelle traite également les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie) et les addictions (tabac, jeux, alcool, drogues). Treize personnels du pôle châlonnais, 2 psychologues et un médecin psychiatre ont été formés aux TCC et à la réalité virtuelle. Adeline Bourrin-Tisseron espère que d’autres soignants se formeront « pour proposer cette approche à plus de patients ».

Un outil de réhabilitation psychosociale

Au Centre Ophélie, à l’atelier thérapeutique, la psychothérapie cognitivo-comportementale et la réalité virtuelle s’inscrivent dans un projet de réhabilitation psychosociale pour des patients psychotiques essentiellement. Ecrit conjointement par les 3 psychologues – Adeline Bourrin-Tisseron, Janique Macquart et Camuzat, celui-ci a été validé par le Dr Rousselot, chef du pôle châlonnais, en début d’année. Nom du programme : REANIM (Réhabilitation, Emancipation, Autonomie, Neurocognition, Insertion, Mieux vivre). « On s’intéresse au bien-être du patient : la connaissance de ses traitements, ses déficits cognitifs, sa cognition sociale pour avoir davantage d’interactions avec les autres à l’extérieur, l’aide à l’insertion professionnelle, souligne Adeline Bourrin-Tisseron, psychologue. On travaille aussi avec les familles, on les soutient. »