En début d’année, les jurés de la cour d’assises de la Marne pouvaient bénéficier d’un soutien psychologique piloté par la CUMP départementale renforcée après la tenue de 3 procès particulièrement lourds. Il s’agit d’une expérimentation.
Meurtre d’un père de famille de 37 ans à Lumes dans les Ardennes ; assassinat de Kévin, adolescent tué de 34 coups de couteau, à Mourmelon-le-Grand ; mort du petit Tony, 3 ans, sous les coups de son beau-père à Reims : ces 3 affaires ont marqué l’opinion publique. Trois affaires chargées d’émotion jugées entre le 18 janvier et le 5 février 2021 aux assises de la Marne.
C’est la raison pour laquelle la cour d’assises de la Marne à Reims a contacté à la fin de l’année dernière la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) départementale renforcée, portée par l’Établissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Marne. « L’objectif était d’assister les jurés après chaque procès pour qu’ils puissent libérer la parole, dire ce qu’ils ont ressenti tout en respectant le secret des délibérés », explique Maude Cabouillet, psychologue à la CUMP 51. Une première dans le département.
« Offrir un SAS de décompression »
Avant le début du premier procès concernant le meurtre par arme blanche d’un père de famille et de tentative d’assassinat sur sa femme et ses deux enfants à Lumes, Maude Cabouillet et Mélanie Hermand, infirmière à la CUMP 51, se sont présentées. À la fin du procès, toutes deux ont proposé un soutien psychologique, des temps de parole en groupes. Une salle a été mise à leur disposition au sein de la cour d’assises de la Marne à Reims. « Aucun juré ne s’est manifesté. Après tout ce qu’ils avaient vécu pendant une semaine, ils n’avaient qu’une seule envie : rentrer chez eux », confie la psychologue. Des dépliants spécifiques sur la CUMP 51 avec les différentes possibilités de prise en charge psychologique individuelle leur ont toutefois été remis.
Deux autres procès se sont ensuite tenus : l’assassinat de Kévin et du petit Tony. « Deux affaires assez lourdes avec du contenu traumatogène », indique Maude Cabouillet. Au cours des débats, les jurés - des citoyens tirés au sort - ont été confrontés aux témoignages des victimes, à leurs réactions, à des photos de scènes de crimes, à la parole des accusés… De plus, ils étaient soumis à la fois à la neutralité et au secret des délibérés : ils ne pouvaient pas parler de ces affaires en rentrant chez eux. « Le risque est de développer un stress post-traumatique ou des addictions, souligne-t-elle. Les jurés sont plongés pendant une semaine dans une sorte de bulle particulière qui mobilise beaucoup d’énergie. L’idée était de leur offrir un SAS de décompression. »
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